Texte rédigé par l’équipe du Comité des Fêtes à l’occasion du millénaire de l’église de Thérondels :

D’après l’abbé ROQUIER, curé de Thérondels de 1725 à 1772 et qui a laissé un manuscrit toujours en possession de la paroisse, le bourg de Thérondels fut construit autour d’une Abbaye de femmes fondée vers l’an 900 par Mme Ermengarde, comtesse d’Auvergne, originaire de Blesle, aujourd’hui en Haute-Loire.

Or, il est permis de douter de cette origine. En effet d’après G. SEGRET, l’abbé BOSC et plusieurs autres historiens, le monastère de femmes qui donna naissance au village fut fondé en l’an 1000 par Gilbert vicomte de Carlat, avec une dotation augmentée au cours du XII°s. par Adhémar, évêque de Rodez, Guillaume archidiacre et Guillaume, prévôt de l’église Cathédrale de Rodez.

Le monastère de Thérondels fut réuni à l’Abbaye de Blesle placée sous le vocable de St Pierre et sous la protection directe du Pape. en 1185 (Bulle du pape Luclus II du 4 avril 1185 qui énumère les dépendances de Blesle), Abbaye qui fut fondée par …Mme Emingarde vers l’an 880.

On peut donc penser que l’abbé Roquier a confondu les deux fondations respectives.
Le monastère de Thérondels dépendra de l’abbaye de Blesle à partir de 1185.
En 1284, le jeudi après Pâques intervient un accord entre l’abbesse de Blesle et Henri, comte de Rodez et vicomte de Carlat, acte qui fut renouvelé sans doute en 1293 au sujet de la justice à Thérondels.
L’acte accordait au comte le droit de commun de paix sur tous les animaux, autres que pourceaux, exemptant de ce droit les villages de Mandilhac, de Brugueyra et Blanquels, de Doux Albats et celui de Bernard de Veyra.

Quant à la justice, il était stipulé que l’abbesse aurait à Thérondels et dans les villages qui en dépendaient le droit de connaître « des causes réelles et personnelles, ban et correction de ban, connaissance, punition, examen et exécution de tous crimes du ressort du mixte-impère seulement »;
Et le comte « la connaissance de ce qui appartient au mère impère, pour mutilation de membre et condamnation à mort et au dernier supplice. »
De plus, l’acte stipulait que « les amendes seraient partagées, que la punition des criminels aurait lieu sur les terres de ladite abbesse et non ailleurs, que le comte ne pourrait dresser les fourches patibulaires en vue de l’église de Thérondels mais bien en tout autre endroit de la juridiction.
Qu’enfin la connaissance d’un larcin n’excédant pas dix sous rodanois commis
entre mari et femme ou domestique lui serait interdite ».

Les religieuses y suivaient la règle de St Benoît, leurs biens étaient administrés par des fermiers régisseurs, on trouve les noms de Blaize de Montheil en 1500,Claude de Baud’huin en 1648, Gaspard du Bousquet (qui avait entrepris la construction d’un château au Cayrol), Jérôme Verdier, Verdier de Peyrebesse, Raymond Bertrand…

La nomination du curé de Thérondels était laissée aux abbesses.
En 1630, l’abbesse de Blesle nomme comme curé, un certain Bathélémy Pages, originaire également de Blesle, docteur en théologie et théologal à la cathédrale de St Flour, ce qui ne le faisait que rarement résider à Thérondels, cela provoqua le fort mécontentement des prêtres de la communauté.

En 1353,le pape Innocent IV ordonne par une bulle, la réunion au couvent de Blesle des différents prieurés dont celui de Thérondels, toutes les religieuses sont réunies à Blesle car la règle bénédictine n est pas fidèlement observée et « il arrive trop souvent que les prieures doivent pour leurs affaires de leurs monastères fréquenter la cour des princes et des seigneurs et y contractent de fort mauvaises habitudes ».

Les religieuses partent donc de Thérondels mais leurs biens seront conservés et administrés jusqu’à la révolution par leurs fermiers. On ne sait si elles sont revenues vivre en communauté à Thérondels car l’abbé Roquier écrit qu’au XVI° s., Henry II ordonne aux religieuses vivant dans des monastères non fortifiés (comme Thérondels) de les quitter pour des villes possédant des fortifications afin de pourvoir à leur sécurité en ces temps difficiles.

Les Dames étaient elles revenues entre temps ? ? ?
Cela étant, avec la suppression des prieurés en 1353 et la réunion des dames au Monastère de Blesle, un accord est établi entre l’abbesse et les religieuses au sujet du partage des biens et revenus.
L’accord de 1354, renouvelé en 1355 attribue aux dames religieuses les revenus de Thérondels, « avec réserve au profit de l’abbesse de la justice, juridiction, droits de vestir et d’investir et des émoluments y attachés. »
L’abbesse perçoit toutefois une rente foncière de cent livres à Thérondels appelée La Rendotte.
42 abbesses se succèderont à Blesle jusqu’à la Révolution qui mettra fin au monastère et à ses dépendances.
Il existe encore de nos jours deux présences du monastère des dames : le Pré des Dames près de l’église ainsi que le Moulin des Dames.

Pour en savoir plus sur Thérondels, on pourra lire également les deux ouvrages d’Adrienne Villaret :
L’histoire de Thérondels (1998)
Deux personnages historiques de Thérondels : Saint Gausebert, fondateur du monastère de Laussac et le père Robert, fondateur de l’hôpital psychiatrique de la Devèze.

Livres en vente chez Adrienne Villaret, 12600 Thérondels.